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LEWIS

Par

Stanislas Grafiada, Account Manager chez TEAM LEWIS France

Publié le

février 24, 2023

Tags

ChatPGT, IA, machines, numérique, Rédaction automatisée, Robots

Les fantasmes nourris par l’IA sont nombreux et le plus souvent dystopiques. De Terminator, à 2001 l’Odyssée de l’espace en passant par I-Robot ou Ex-Machina, notre inconscient collectif a été programmé pour lui être hostile. Créant un genre de sentiment oxymorique, de supériorité et d’infériorité à la fois, comme une peur du vide mêlée à la vexation du maître dépassé par l’élève.  


Signé ChatGPT, une amIA qui nous veut du bien ?

Et voilà qu’arrive ChatGPT, la bouche en cœur, après des décennies de diabolisation d’une IA qui n’a pour le moment rien demandé à personne (mais qui aura fait couler beaucoup d’encre). Et combien d’agences, de la communication au marketing, ont vu leur avenir s’assombrir, certains prévoyant même leur mort prochaine. Mais comme un toréador qui prendrait le taureau par les cornes, ce serait se saisir du problème à l’envers.  

 « Nous, nombrils de l’univers, refusons d’être surpassés par une version beta » 

Comme n’importe quelle grande évolution, elle est accueillie avec un certain scepticisme, qui n’est autre que le reflet de notre propre vanité : « Nous maîtres du monde et nombrils de l’univers refusons d’être surpassés par une version beta. » Mais bien qu’encore dans sa forme embryonnaire, ChatGPT nous a déjà fait changer de paradigme et prétendre le contraire serait nier l’irréfutable. Alors, plutôt que de céder à un discours sépulcral qui conduirait à un affolement généralisé, essayons plutôt de définir les contours d’une collaboration qui est partie pour durer. 

 Quand en 1920, Karel Capek introduit au monde le mot « robot », sa démarche et son concept sont plutôt bienveillants. Il a d’ailleurs pris le soin de poser les premières pierres de notre relation, définissant pour nous les trois lois de la robotique.  

1/ Un robot ne peut pas nous porter atteinte, ou en restant passif, permettre que l’on soit exposé à un danger.  

2/ Il doit obéir, sauf si en conflit avec la première loi. 

3/ Et enfin, il doit protéger son existence, tant que celle-ci n’entre pas en conflit avec les deux premières lois.  

Un rapport pas très égalitaire, certes à raison, mais qui traduit d’une méfiance presque instinctive, comme celle d’un prédateur qui sait reconnaître le sien. Loin d’avoir été pensés comme une menace existentielle, l’IA et les robots ont avant tout été conçus pour nous aider dans nos besognes du quotidien (du tchèque Robot, dérivé de Robota qui veut littéralement dire « travail, corvée »).  

 Avant de vouloir détruire l’humanité ou pire encore, de nous transformer en stagiaires du début des années 2000 (cafés, colis et photocopies), l’idée première était en effet de nous faire gagner du temps. Un temps que nous pourrions notamment consacrer à redéfinir nos rapports quant aux différents outils et canaux de communication existants.  

 « Un pigeon c’est plus bête* qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole » 

 Parce que cela va bien au-delà de ChatGPT, les grands pontes du numérique ayant déjà annoncé être sur le coup et pour certains depuis bien longtemps. Des outils en ligne seront bientôt capables de pondre n’importe quelle stratégie de communication 360° et le tout en alexandrin, dans le meilleur style de Racine.  

Mais à quoi ressembleraient nos trackers/docs de suivi sans Excel (qui soit dit en passant, a peu ou prou la même capacité de calcul qu’un Watson) ? Est-ce que les arguments contre ChatGPT ne sont finalement pas les mêmes que ceux émis contre le livre de poche, la calculette ou encore Internet ? Une révolution n’est-elle pas clivante par définition ? Alors pourquoi ne pas simplement considérer cette énième innovation comme un IPhone qui serait le Thermomix d’un Deepl amélioré ? Derrière cet amas de questions orientées se cache une vraie question, celle de la future légitimité du texte.  

ChatGPT ou la 4e grande vexation de l’Homme  

Un format longtemps pris pour acquis et qu’on a surtout perçu comme l’expression finale de la majorité de nos messages et de ceux de nos clients. L’excellence d’un texte se mesurait par la qualité des messages transmis, l’intention qui se cachait derrière, le rythme et le style. Il faudra dorénavant ajouter un critère d’évaluation : l’auteur de celui-ci. Écrire relève de l’intime, c’est coucher sur une feuille de papier numérique une partie de soi-même. Et si une IA pourra se targuer de le faire quasi instantanément et ce sans aucun syndrome de la feuille blanche, c’est la viscéralité du texte humain et cette prise de risque qui seront dès lors mis en avant.  

 En d’autres termes, l’outil se chargera des corvées rédactionnelles journalières et nous, nous chargerons du reste. Un reste fait de son, d’images et de voix qui profitera des capacités d’un multimédia encore sous-exploité à l’heure actuelle (dans le cadre professionnel).  

À l’ère du « tout automatisable », il était en effet prévisible, pour ne pas dire logique, que cette partie rédactionnelle, bien qu’aussi ludique que chronophage, passe le pas de la robotisation. Et ce n’est ni la première ni la dernière fois que l’on verra nos us et coutumes bouleversés par un software « révolutionnaire ».  

Comme le dit si bien Guillaume Erner, notre sociologue préféré de France Inter, il s’agît simplement là de notre 4e grande vexation. La première étant selon Freud, l’œuvre de Copernic qui nous démontre l’héliocentrisme, la terre n’est pas le centre de l’univers. Vint ensuite Darwin, qui en rajoute et nous rappelle que nous ne sommes que des animaux comme les autres. Et enfin Freud lui-même, qui nous explique que nous ne sommes pas les seuls propriétaires de nos pensées, que nous partageons tant bien que mal avec notre inconscient. Alors faisons ce qu’on a toujours fait et que l’on sait particulièrement bien faire, vexons-nous et composons avec. Jusqu’à la prochaine fois.  

*NDLR : nous avons opté pour un mot plus sobre mais l’idée reste celle de son auteur Michel Audiard. 

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