Cette pandémie remet en question les habitudes les plus ancrées dans nos vies quotidiennes. Bises et poignées de main sont désormais impossibles et le sourire est dissimulé derrière nos masques ! C’est un fait : il y a moins d’émotionnel dans le rapport à l’autre. Or, le sourire, la bise, la poignée de main sont toute une série de gestes et d’intentions qui rassurent, et doivent se réinventer face à la crise. Ces marques de politesse étaient les premières étapes pour établir un contact humain, et de par leur absence dans les rapports entre personnes, nous prenons conscience de leur importance.
Historiquement, la poignée de main par exemple consistait à montrer que ladite main ne tenait aucune arme, et de la secouer pour s’assurer qu’un poignard n’était pas caché dans la manche. Aujourd’hui, triste ironie de l’histoire, elle est proscrite précisément parce qu’une arme invisible y est peut-être cachée : le virus !
La naissance de nouveaux codes de politesse vient rythmer notre quotidien et nos échanges avec autrui.
Nombre d’entre vous vont conserver ces nouvelles habitudes prises. Il semble acquis par tous que le monde de l’après Coronavirus ne sera pas totalement comme celui de l’avant.
Les gestes qui sont la base des échanges interpersonnels, que ce soit au sein d’une même culture ou entre différentes cultures, racontent beaucoup de nous, et sont interrogés dans cette période inédite. Il est donc intéressant de revenir sur l’origine de ces gestes et ces rituels de la vie sociale dans les différentes cultures.
Pour chacun, en France et à l’international, la politesse sert de fondation aux comportements humains, c’est une norme sociale qui structure les relations humaines.
La politesse concerne également le non-verbal, avec notamment les gestes, l’attitude, l’allure, la conduite, les manières.
Qu’est-ce qu’un « rituel » ? Pour rappel, le terme est issu du latin ritus qui signifie « ordre prescrit » et évoque l’idée d’un comportement répétitif et codifié dont la fonction est essentiellement symbolique. Le rituel relève d’un besoin il est rassurant et l’homme a une inventivité sans limite en la matière.
Petit retour en arrière : l’histoire de ces gestes de politesse remonte à plusieurs milliers d’années. Ils sont si ancrés dans les cultures qu’il est très difficile de faire sans.
La bise et la poignée de main sont devenus des automatismes, un réflexe implanté dans notre cerveau depuis l’enfance. On date l’origine de la poignée de main à l’an 1000, elle faisait partie des codes de la chevalerie.
Toutefois, on trouve les toutes premières poignées de main dans l’Antiquité grecque, sur des stèles du Ve siècle avant J-C. Homère en faisait déjà mention dans L’Iliade.
Les composants de sa grammaire varient d’une société à l’autre en fonction de la culture et du système social. Aussi les règles et les critères de la politesse sont-ils souvent différents d’une culture à l’autre.
Dans d’autres cultures, on a appris à se saluer sans se toucher.
Les cultures asiatiques évitent de se toucher pour se saluer, en Chine particulièrement où le salut se fait à distance, tête inclinée.
En Inde, le namasté (« je m’incline devant toi » en sanskrit) se fait les deux mains jointes au niveau de la poitrine.
En Thaïlande, le wai se pratique tant pour saluer que pour remercier. Plus les mains sont hautes, plus le respect témoigné est grand.
L’art de la bise est une tradition bien française. À Paris, la double bise est fréquente, alors que trois bises prévalent en Provence et jusqu’à quatre dans le Val de Loire. Le baiser sur la joue est également courant dans les pays d’Amérique Latine, l’Égypte, où on en fait trois, et les Philippines.
Dans les années 70 le choix du « Ebola Handshake » salutation née lors de l’épidémie de l’Ebola est mis à l’honneur qui a permis de créer un lien tout en rassurant les interlocuteurs. Nous pouvons aussi nous inspirer de la langue des signes dans laquelle le bonjour est fait d’un signe de la main qui permet d’éviter le contact physique. C’est le moment d’être créatif, un peu de légèreté dans cette pandémie ne fera guère de mal ! Pourquoi ne pas profiter de cette pause forcée pour se réinventer et créer de nouveaux rituels sociaux ?
Un article de Marie-Laure Laville, Directrice de LEWIS France.